Notre ambition :
Redonnons son clocher à notre église !
Peu de visiteurs savent situer l’église lorsqu’ils arrivent à Châtillon. Et pour cause ! Elle n’a plus son clocher, emporté avec les troubles de la période révolutionnaire.
Lorsqu’on l’observe attentivement, on remarque au faîte du toit, deux pans de tôle au niveau du transept : c’est la cicatrice visible de la chute du clocher
La forme du clocher disparu reste encore à élucider. Le débat sur cette énigme perdure à Châtillon depuis 200 ans. Deux propositions architecturales se font face.
La première, avancée par Jean-Louis Marret (1935-2016) architecte, Président de l’association Saint-Guignefort, prend la forme d’un petit beffroi avec un toit à faible pente muni d’un pavillon à 2 étaux. Sa théorie s’appuie sur les quelques données liées aux comptes de syndic du XVe siècle.
La deuxième décrit une grande flèche à 3 degrés avec parapet. Thèse prônée par feu Jean-Baptiste Jauffred (1811-1878), pharmacien de Châtillon, érudit, membre de la Société d’émulation de l’Ain et de la Société des sciences et des arts de Trévoux. Petit-neveux de Philibert Commerson, il dessine un croquis du clocher selon les témoignages et les archives d’avant 1794 sauvées par son grand-père Georges Marie Commerson, ancien chanoine de l’église. Théorie corroborée en partie par le Docteur et ancien maire François Edouard (1855-1925).
Quoiqu’il en soit, dans ce clocher, il est dit qu’existait une pièce appelée la “salle du Royaume”: ce lieu doit son nom aux repris de justice français aux 17° et 18°siècle. Ceux-ci, fuyant la justice du Roi de France et réfugiés à Châtillon (à l’époque terre de Savoie) montaient régulièrement dans le clocher de l’église Saint-André d’où ils pouvaient apercevoir, par une ouverture du côté de la Saône, leur pays natal, le Royaume de France.
En 1794 pendant la Terreur, Antoine-Louis Albitte, représentant du Comité de Salut Public, surnommé le « Tigre de l’Ain », ordonne l’arasement des clochers. A l’occasion de l’application du décret 8 pluviôse an II, près de 800 clochers sont détruits dans l’Ain et 1 500 à 1 600 cloches portées à la fonderie de canons de Pont de Vaux. Le coût de ces destructions est considérable : abattre le seul clocher de Notre-Dame à Bourg, coute plus de 22 000 livres, et 4 ouvriers périssent au cours des travaux ! (Source : Jérôme Croyet, Albitte. Le Tigre de l’Ain)
En 1797 l’administration du département déclare l’arrêté d’Albitte illégal, et de nombreuses communes parviennent à récupérer leurs cloches, mais il est malheureusement trop tard pour les clochers abattus comme celui de Châtillon.
Dans les décennies qui suivent les communes de l’Ain font reconstruire leurs clochers. Autour de Châtillon, tous les clochers sont redressés : À St Trivier en 1807, à Baneins en 1861, à Romans en 1857, à Relevant en 1890, à Sandrans (fin 19°s), à Condeissiat, à Dompierre sur Chalaronne en 1874, à Saint André le Bouchoux, à la Chapelle du Chatelard. A Neuville-les-dames, une nouvelle église est même érigée à la fin du 19°s, tout comme à l’Abergement Clemenciat.
Mais le clocher de Saint André à Châtillon attend toujours d’être reconstruit. Aujourd’hui, grâce aux comptes des syndics, nous avons le détail des étapes de son édification au Moyen-âge. Il nous reste aussi deux épis de faîtage, vestiges de son existence, qui sont conservés dans les combles.
Actuellement deux pans de tôle métallique recouvrent provisoirement l’orifice béant. Lorsque l’on vient du haut du Champ de Foire, on aperçoit bien la structure amputée du clocher et sa toiture provisoire de tôle, où l’herbe pousse.
Comme un navire attend son mat, notre église attend de retrouver son clocher !
L’église de Châtillon est un bâtiment qui a évolué au cours des siècles, du roman au gothique, et qui mêle les traces laissées par les châtillonnais de toutes les époques. Chaque génération a permis des agrandissements, des élévations, des restaurations, et parfois des destructions, qui ont fait vivre le bâtiment. Dans cet esprit, en tant qu’habitants et amis de Châtillon, nous souhaitons retrouver notre clocher, et poursuivre ainsi l’édification de l’église Saint André. Elle a été débutée par nos anciens il y a plus de 600 ans, et ne s’est jamais arrêtée. Nous souhaitons que cette restauration du clocher puisse être faite en suivant les avis des experts du patrimoine et dans le respect de la construction d’origine.
(Pour en savoir davantage sur la construction du clocher d’origine : Ils ont construit l’église de Châtillon les Dombes, Association St Guignefort, 2004.)
Les cloches de Saint-André
Il y a 4 cloches dans le clocher, qui se trouvent exactement au dessus du choeur. En décembre 1990, sous l’impulsion du Père MOREL, dynamique curé de Châtillon, des passionnés entreprennent de relever les inscriptions notées sur chaque cloche de Châtillon: Les deux cloches les plus anciennes datent de 1672 et sont couvertes d’inscriptions latines, Les deux cloches les plus récentes de 1826 sont en français (elles ont remplacé deux cloches plus anciennes qui avaient été fondues pour faire des canons sous Napoléon). Les inscriptions latines ont été traduites par Maurice LAGRANGE (maire de Châtillon de 1975 à 1989).
Par ordre de taille, voici les cloches de Saint-André :
1ère Cloche : Marie-Claude
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TIMPANUM HOC CUI NOMEN ESSE MARIAE W CLAUDIAE
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IUSSERUNT IOSEPHUS BLANCHARD COLLEGII CANIN HOC TEMPLO FUNDATORIS FILIUS
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PATERNIO IN PATRIAM LIBERALITATIS AEMULUS ET MAR CL BLANCHARD HUI SOROR
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COS P COLLET ET I DE SIEANAN 1672
Ceci est la cloche à laquelle Joseph BLANCHARD, fils du fondateur du chapitre des chanoines en cette église, imitateur de la générosité paternelle envers sa patrie – et Marie Claude Blanchard, soeur de celui-ci, ordonnèrent que soit donné le nom de Marie-Claude.
L’an 1672, Ph. Collet et J. de Saint-Jean étant syndics.
2ème Cloche : Jeanne
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HUIC CAMPANAE AMORIS IN PATRIAM SUI ET NOMINIS MONUMENTUM INSCRIBI VOLUERUNT NOB
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PETRUS DE JACOB DOM DE LA COSTIERE ET
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ET IONNA GUICHENON P. COLLET PRAET EIUSDEMQ CONS UXOR ILLO ET I DE S IOAN COS B..
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A GOIFFON PRINC PROCUR ET I BISSIEU IVE MARIT
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AN COS P. COLL ET IO DE SIEAN 1672
Ont voulu que soit inscrit sur cette cloche le souvenir de leur nom et de leur amour pour la patrie : Noble Pierre de Jacob, seigneur de la Costière – et Jeanne Guichenon, épouse de Philibert Collet, maire et en même temps syndic – ce dernier et J. de Saint-Jean étant syndics.
Ont fait un don: A. Goiffon, procureur princier, et J. Bissieu son épouse.
L’an 1672, Ph. Collet et J. de Saint-Jean étant syndics.
3ème Cloche : Rosalie
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ROSALIE A ETE BAPTISEE PAR MR DE FOURNEL CURE DE CHATILLON L’AN 1826 – LE PARRAIN A ETE MR ETIENNE MARIE DANGEVILLE LE JUGE DE PAIX – LA MARRAINE MME ANTOINETTE MURILLON GUILLIN
4ème Cloche : Lucrèce
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LUCRECE A ETE BAPTISEE PAR MR DE FOURNEL CURE DE CHATILLON L’AN 1826 – LE PARRAIN A ETE MR JEAN BAPTISTE LABLANCHE MAIRE DE LA VILLE – LA MARRAINE MME JEANNE LUCRECE DE RAFFIN COMTESSE DU CHATELARD REPRESENTEE PAR MME JULIE CHEREL DURAND
Il y a aussi 3 cloches dans le clocheton de la façade de l’église (“cloches de l’horloge”).
Deux petites cloches sont sans inscription, et la plus grosse porte une inscription latine :
Messire Joannes Guichenon, docteur en médecine de l’Université de Montpellier et en même temps noble Renée de Vernat, autrefois épouse de noble Pierre Deschamps, ont voulu que, par ce témoignage d’airain, leur piété soit proclamée à ceux qui viendront comme à ceux qui les ont précédés. – P. Collet et J. de Saint-Jean étant syndics 1672.
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M-IOANNES GUICHENON UNIVERS MONSPEL DOCTOR MEDICUS ET SIMUL NOB RENATA
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DE VERNAT QUONDAMNOB PET DESCHAMPS CONJUX SUAM HOC AERIS MONUMENTO
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PIETA TEMPORIS TERIS UT SUPERIS COMMOTAM ESSE VOLUERUNT COS P. COLLET ET
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I DE S. IEAN 1672