Histoire de l'église
de Châtillon-sur-Chalaronne

La première église : l’âme de la cité

Pendant longtemps il n’y a pas eu d’église paroissiale à Châtillon, mais uniquement la chapelle Notre-Dame, située dans l’enceinte du château. Celui-ci, élevé au  XII° siècle, est au cœur de la « vieille ville » de Châtillon les Dombes, qui s’étend au pied du château jusqu’à la Chalaronne (rive gauche). La « ville neuve » se développe sur la rive droite de la Chalaronne. Pourtant les villages voisins de Buénans (actuellement route de Villars) et de Fleurieux (route de l’Abergement), bien que de taille plus modeste, possèdent déjà leurs propres églises paroissiales…

carte de châtillon cassini

En 1273, le comte Philippe de Savoie concède une charte de franchise, dont va profiter la ville de Châtillon bâtie au pied du château féodal, qui voit sa population augmenter. Les habitants souhaitent disposer d’un lieu de culte plus proche et plus accessible que l’ancienne église paroissiale de Buénans, et aussi plus spacieux que la chapelle du château. Les habitants de Châtillon se réunissent en communauté et décident l’édification d’une première église au cœur de la « ville neuve », afin qu’ils puissent avoir aussi leur « maison commune ».

A Châtillon, l’édification de la première église est l’œuvre de la ville et de la communauté des bourgeois, regroupés autour des syndics, sous l’autorité du châtelain qui représente le Comte de Savoie. Le financement est assuré en grande partie par les syndics qui avancent les sommes sur leur fortune personnelle, et par les impôts. La générosité des bourgeois permet l’achat de terrains pour élargir et agrandir l’église Saint-André.

Un premier édifice est alors bâti dans la cité qui remonte sans doute aux années 1270 ; la construction débute en 1272. Bien modeste à l’origine, l’église s’agrandit et s’embellit au cours des ans.  Elle est reconstruite un siècle plus tard selon le testament du marchand Jean du Gour qui mentionne le legs fait le 11 septembre 1383 « à la chapelle Saint-André, par moi construite dans la ville de Châtillon ».

Evolution de l’église : les étapes

Les principales évolutions de l’église qui lui donnent son aspect actuel ont lieu en 4 phases de travaux étalés sur un siècle, entre 1384 et 1488.

église avant 1430

Avant 1430

église 1440

1440 : démolition du mur sud

église en 1441

1440-1441 : construction du nouveau mur sud

église en 1449

1449-1450 : couverture de la nef

église en 1451

1451-1452 : construction du pignon ouest

église en 1467

1467 : démolition du vieux clocher et amorce des murs du chœur

église en 1483

1483-1488 : construction des voûtes du chœur et du clocher

Septembre 1488 : église St André de Châtillon en construction

Septembre 1488 : église St André de Châtillon en construction

1488

24 décembre 1488

Illustrations extraites du livre « Ils ont construit l’église de Châtillon les Dombes » de l’Association Saint Guignefort.

Peu après sa construction, cette première église fait l’objet de transformations importantes, puis, à partir de 1431, on décide de la reconstruire presque totalement. Bourgeois et corporations firent édifier les chapelles latérales. Les travaux durent jusqu’à la fin du XV°siècle. Le testament d’un riche marchand, Guillaume Rectori, permit au XVème siècle, de faire le chœur et les voûtes (la voûte de l’abside est terminée en 1488). Ces travaux sont connus en détail grâce aux comptes de construction qui présentent de ce fait un intérêt archéologique et historique exceptionnel.
Il est passionnant de se plonger dans les comptes des syndics, et des comptes de construction de l’église au XV°siècle, que décrit parfaitement l’ouvrage de référence « Ils ont construit l’église de Châtillon les Dombes » de l’association Saint Guignefort.

Au Moyen-Age, l’église Saint-André ne sert pas uniquement au culte, elle est aussi le lieu de rassemblement des familles, des confréries d’artisans. Les habitants s’approprient le bâtiment, chaque confrérie possède sa chapelle, chaque famille a sa place à l’intérieur de la nef, selon son rang social. Elle est aussi le lieu public où chaque enfant est baptisé, où l’on fête les mariages et où on célèbre les funérailles des plus anciens. C’est le lieu où sont tenus les registres paroissiaux, qui sont les documents publics qui mentionnent l’état civil, les naissances, les mariages, les décès. Le village vit au rythme de l’église et de ses cloches : l’angélus est sonné à 7h00, 12h00 et 19h00, et appelle tous les habitants à cesser leur travail quelques instants. Chaque dimanche matin, les habitants se réunissent pour la messe, à l’issue de laquelle il est possible d’échanger les informations les plus récentes.

La collégiale

L’église est érigée collégiale le 2 septembre 1652 par archevêque de Lyon, avec la création d’un chapitre de six chanoines et un doyen, fondé par Antoine Blanchard, capitaine-châtelain de la ville et du comté. Au milieu de la nef, dans l’allée centrale, une  plaque tombale en bronze porte l’épitaphe d’Antoine Blanchard.

Demeurée à peu près intacte depuis l’époque gothique, hormis la démolition du clocher sous la Révolution et les destructions de 1966, elle est classée monument historique depuis 1909. Son état de conservation, joint à la présence des comptes de construction, en fait un monument remarquable dans l’Ain.

Après plus de 6 siècles, l’église Saint André remplit toujours les mêmes fonctions aujourd’hui, mais le bâtiment demande une restauration générale.

inscriptions au sol